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Entreprise, PME, ETI, PMI…& Analyse des pratiques

entreprise PME PMI ETI

Il est intéressant de s’interroger sur l’application possible des APP au secteur de l’entreprise, des PME, ETI, PMI… En effet, les séances d’analyse des pratiques (APP) s’étendent dans des secteurs de plus en plus diversifiés. Leurs objectifs se précisent suivant les contextes et il y a là, une matière riche à partager.

Cet article concerne donc autant la communauté des Intervenants en Analyse des Pratiques Professionnelles que les équipes participantes tout comme les directions d’entreprises. En effet, ces dernières sont également susceptibles d’être intéressées par la mise en place de ce type de séances au sein de leurs entreprises.

Enjeux des Analyses des Pratiques Professionnelles dans le milieu de l’entreprise :

Garder du recul, densifier la culture d’entreprise et capitaliser le savoir-faire

Il est important de comprendre que d’un point de vue pragmatique, les Analyses de Pratiques sont applicables à toute organisation souhaitant faire bénéficier ses salariés (ou bénévoles d’ailleurs) d’un espace d’échange. Et ce, pour prendre du recul et questionner le sens de ses pratiques. Il y a donc véritablement de plus en plus de secteurs qui s’équipent de séances d’Analyse de la Pratique dont, les entreprises. Au-delà de cet objectif premier de prendre du recul, d’autres objectifs peuvent être ajoutés.

Les particularités de l’APP dans le monde de l’entreprise

Quelles sont les particularités des Analyses de Pratiques dans le milieu de l’entreprise ? Les participants pourront profiter des séances de travail proposées pour échanger sur leurs logiques professionnelles. Mais aussi pour identifier leurs points de difficultés individuels et collectifs, et mutualiser leurs compétences. En étant accompagnés dans un espace dédié à mieux penser leur “faire dans l’entreprise”, les participants ressortiront avec une meilleure capitalisation de leurs savoirs. Il y aura aussi un renforcement de leur esprit d’équipe et de leur culture d’entreprise.

Les approches à privilégier dans l’entreprise

Analyse des pratiques en entreprise, quelles approches privilégier ? Au niveau historique, en France, les Analyses des Pratiques ont encore un héritage très “psychanalytique”. De ce fait, cette dimension leur est encore souvent associée. Il faut dire que depuis les années 70, les Analyses de Pratiques sont essentiellement développées dans les établissements de soins. Ainsi, elles sont menées en grande partie par des psychanalystes. Explication : il était question de laisser des espaces cathartiques (“ de décharge émotionnelle”) aux équipes de soignants et éducateurs. Cela pour qu’ils “drainent” leurs enjeux affectifs se nouant avec les patients.

À ce jour, en France le paysage des Analyses de Pratiques s’est élargi en termes d’approches. Il est aujourd’hui possible d’avoir accès à des profils très différents d’intervenants. Il peut s’agir de coach, facilitateur, ancien cadre… Et non pas uniquement des psys. Appliquée au monde de l’entreprise, cette diversité devient stratégique suivant les objectifs attendus par la direction.

À l’évidence, chaque intervenant viendra avec sa “griffe”, qui sera la combinaison de :

  • Sa formation initiale (psy, coach, RH, cadre de direction, thérapeute, sociologue, éducateur, infirmier… ).
  • Son choix d’avoir fait une formation ou non sur l’animation spécifique des groupes d’Analyse de la Pratique.
  • Ses formations complémentaires. (gestion de l’agressivité, techniques de communication, lecture systémique des dynamiques relationnelles,différents types de management…).
  • Et sa personnalité (dynamique, réfléchi, créatif, rigoureux…).

Des points de repères pour les entrepreneurs souhaitant mettre en place un groupe d’Analyse des pratiques

Pour autant, il me semble important, de donner quelques points de repères à toute direction d’entreprise qui souhaiterait mettre en place ce type d’outil auprès de ses salariés.

  1. Être au clair sur ce que vous considérez important pour vos collaborateurs dans le fait de rester en recul concernant leur pratique professionnelle.
  2. Même si l’objectif général des Analyses de Pratiques est de prendre du recul sur sa pratique, d’autres objectifs complémentaires et de circonstances entrepreneuriales peuvent être ajoutés. Soyez au clair en tant que direction sur ceux que vous poursuivez. Voulez-vous profiter de ce travail d’Analyse de la Pratique pour densifier la culture d’entreprise ?- renforcer la créativité ?- réguler des tensions ? où autre ?
  3. Vérifiez que vos objectifs de direction sont bien en adéquation avec ceux que peuvent avoir vos collaborateurs (Ont-ils d’autres attentes telles que : Mieux se connaître ? Mieux se coordonner ? Revenir sur des sujets et anciennes prises de décision pour Échanger plus en profondeur ?).
  4. Echangez en amont avec l’intervenant pressenti pour vérifier sa bonne compréhension de vos attentes et de celles de vos collaborateurs et également sonder ses compétences et formations professionnelles.
  5. Facilitez le cadre des interventions APP en favorisant la présence des salariés. Mais aussi en préservant la notion de confidentialité et en garantissant à vos collaborateurs la neutralité de l’intervenant.
  6. Faites un bilan général en fin de convention auprès de vos collaborateurs et avec l’intervenant. Vous saurez ce que les séances d’Analyse de la Pratique ont apporté concrètement en termes de pratiques professionnelles.

Comment se former pour animer des Analyses de Pratiques en entreprise ?

Les Analyses de Pratiques étant des dispositifs spécifiques, je ne peux que conseiller à ceux qui envisagent d’en animer de s’y former. En effet, ces interventions font intervenir une grande précision dans la connaissance et la tenue du cadre. Il y a plusieurs fondamentaux à connaître notamment la connaissance claire du cadre des Analyses de Pratique (ce que sont les Analyses de Pratiques, et ce qu’elles ne sont pas). En effet, il s’agit d’éviter que ces sessions proposées deviennent des “réunions bis”, des “groupes de paroles”, des “espaces d’évaluation voire de plaintes concernant les conditions de travail”… Cela n’est pas si simple, compte tenu du fait que les cadres ne sont généralement pas présents lors de ces temps. Un des autres fondamentaux à connaître est de préserver une parole des plus libres.

C’est pour cette raison que les cadres hiérarchiques ne font généralement pas partie des groupes d’Analyse de la Pratique de leurs collaborateurs. Le caractère de neutralité de l’intervenant est également un des fondamentaux en Analyses des Pratiques. Il est, en effet, important que ce dernier vienne de l’extérieur. Qu’il n’ait aucun lien hiérarchique avec l’employeur/ le commanditaire. Autrement dit, il n’est pas du tout recommandé de monter un groupe d’Analyse de Pratique en interne. Et il n’est pas du tout recommandé non plus de faire participer les cadres avec les salariés concernés par le dispositif.

La question de la limite de l’intime dans les groupes d’APP

Il y a également des enjeux techniques à cerner concernant la mise en place de séances d’Analyse de la Pratique y compris en entreprise. On note: type de co-construction du cadre, choix de la composition du groupe de travail (Par service ? Par métier ?). Un enjeu sur lequel il me paraît important de faire un focus : celui de respecter la limite de l’intime chez les participants. Ce point-là reste, à vrai dire, problématique encore dans de nombreux secteurs où les Analyses de la Pratique sont animées. Ainsi, on considère encore trop souvent, selon moi, que les APP peuvent (voire doivent) aller jusque questionner les résonances personnelles et les intimités des participants. Je suis, pour ma part, extrêmement précautionneuse sur le sujet. Je pense plutôt que les Analyses de Pratiques n’ont pas à venir franchir le seuil de l’intime des participants.
Et s’il y a encore quelques secteurs où ce mouvement est accepté par les équipes, il devient de plus en plus rare. (Il est souvent question d’établissements de soins dont l’héritage en APP provient de la psychothérapie institutionnelle ou de la supervision psychanalytique. ).

Cela peut paraître évident pour d’autres ce respect de l’intime, notamment dans le milieu entrepreneurial. Pourtant, lorsqu’il est question d’animer des séances de travail, sans la présence des managers, visant à questionner le sens du travail ; il arrive fréquemment que la question des valeurs, des impressions, de l’expérience personnelle alimentent les échanges. Et croyez moi, la question de la limite de l’intime n’est pas si loin. Alors, oui, il s’agit bien d’un enjeu que de ne pas intruser les participants dans leur espace intime en Analyse des Pratiques.

En milieu entrepreneurial, la question de respecter l’intime des participants n’a même pas à se poser. Il est évident qu’il doit l’être.

Les séances d’Analyse de la Pratique doivent donc être conduites par un professionnel. Celui-ci devra détenir les compétences de discerner dans le discours du participant. Ainsi, il s’attachera à l’objectivité fonctionnelle, la subjectivité professionnelle et l’intime. Sans distinguo entre ces trois dimensions, il ne sera pas possible d’effectuer un travail d’Analyse de la Pratique de qualité. Un travail profond et sécurisant. J’ai pour ma part eu connaissance de plusieurs entreprises n’ayant pas suffisamment pris au sérieux cette limite de l’intime avec leurs collaborateurs. Dès lors, les conséquences ont été lourdes à gérer pour elles. On note : absentéisme, démissions, agressivité et défiance de plusieurs salariés… La qualité relationnelle au sein d’une entreprise est capitale. Ainsi, il est donc extrêmement important de ne pas lui faire prendre de risque de dégradation majeure.

Quel est le format recommandé pour des APP en entreprise ?

Les Analyses de Pratiques sont des dispositifs qui se pratiquent généralement pour des groupes de 3 à 12 professionnels. Il s’agit souvent de sessions de 2h, avec une régularité (toutes les 4 à 6 semaines). Cependant, ce format n’a pas à être appliqué comme une tradition, il doit suivre une logique concernant les objectifs poursuivis. En milieu entrepreneurial, on peut tout à fait envisager de faire des séances d’une demi ou une journée. La fréquence ira du mensuel au trimestriel. Aussi, le plus stratégique sera la composition du groupe d’analyse de pratique. En effet, selon le mélange des fonctions elle permettra de travailler certaines dimensions plutôt que d’autres au sein de l’organisation.

Qui décide de cette composition ? L’idéal serait qu’elle découle de l’expertise de l’intervenant et non uniquement de la direction.

Voici le lien vers 2 articles plus complets rédigés il y a quelques mois déjà :

Puisse cet article vous apporter des éclaircissements dans vos observations et réflexions autour du métier d’Intervenant en Analyse des Pratiques Professionnelles.

Anne CHIMCHIRIANIntervenante, formatrice et superviseure en APP – Drome / PACA


Crédit photo : Image par Mohamed Hassan de Pixabay

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