
La décision de composition des groupes en Analyse de la Pratique Professionnelle (APP ou GAPP) se fait très souvent au démarrage du dispositif. Qui décide au final ? Directeur, chef de service, intervenant en analyse des pratiques ? Car elle peut se faire aussi en faisant évoluer la demande initiale d’un établissement. Et parfois elle peut intervenir au cours-même de la convention.
La plupart du temps, lorsqu’une direction (ou service R.H.) fait paraitre une offre pour intervenant APP, elle précise uniquement la fonction des professionnels qu’elle souhaiterait intégrer au dispositif. Cependant les raisons qui sous tendent ce choix sont rarement explicitées. Et il arrive très souvent de découvrir que les directions et services R.H. n' ont pas réellement questionné la composition des groupes d’analyse des pratiques en terme d’enjeux pour leurs services.
Rares sont les connaissances diffusées autour des enjeux stratégiques et techniques des variables de composition des groupes d'Analyse de la Pratique. Mon expérience d'intervenante m'a enseigné que de nombreuses variables entrent en jeu, et parfois il est incontournable de tester le dispositif d'Analyse des Pratiques dans une certaine configuration avant de la faire évoluer, ce que, par exemple, je prévois toujours dans mes conventions.
Quoi qu'il en soit, la composition des groupes d'Analyse des Pratiques Professionnelles est stratégique en elle-même.
Les directions apprécient que nous questionnions avec elles la composition des groupes APP et ce, afin de les guider au mieux vers un dispositif qui sera calibré avec pertinence ( stratégie, cohérence) pour leurs services.
Ce travail préalable de “penser le dispositif Analyse des Pratiques” est bénéfique à plusieurs niveaux. En effet, le temps passé en amont, dans une posture collaborative avec l’établissement ( équipe comme cadres), conduit à de généreuses retombées sur l’outil d'Analyse de la Pratique. Concrètement ? Cela est mesurable par le respect des dates convenues, le fait de favoriser la présence des salariés lors des séances prévues , la bonne disponibilité de la salle, le règlement des factures dans les temps, la confiance s’il y avait à aborder un évènement particulier survenu au cours du contrat d’accompagnement...
Aussi, ce travail de questionnement de la composition des groupes d'Analyse de la Pratique a pour mérite d’impliquer les directions dans le dispositif, qui comme nous le savons tous, les en exclut souvent. Ce qui, à mon sens, incarne avec cohérence une collaboration bienveillante entre intervenant et institution.
Veiller à faire répondre le dispositif aux besoins élargis de l’institution n'est pas détourner l'essence même des groupes d'Analyse de la Pratique Professionnelle. Tout est question de nuances. Entre perversion de l'outil et méconnaissance voire le désintérêt des enjeux actuels, il y a un juste milieu.
Osons, en tant qu’intervenant APP questionner la pertinence du dispositif tel que mentionné dans une annonce d'Analyse des Pratiques Professionnelles fraîchement parue ! Et osons proposer une autre composition si cette dernière nous paraît plus efficiente pour le dispositif, en prenant soin de l'expliciter aux cadres de direction et équipes.
Les véritables enjeux qui se posent au travers de la composition d’un groupe d’APP sont subtils et complexes en termes de stratégie et de technicité. Je vous donne rendez vous d’ici quelques mois, dans un nouvel article, pour aborder plus en détail ces enjeux.
Puisse cet article continuer de nous amener à prendre du recul sur ces pratiques spécifiques nommées APP, si précieuses sur les terrains concernés quand elles sont menées avec bienveillance et efficience.
Photo de HARUN BENLİ provenant de Pexels