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Composition des groupes d’analyse de la pratique professionnelle : qui décide ?

La décision de composition des groupes en Analyse de la Pratique Professionnelle (APP ou GAPP) se fait très souvent au démarrage du dispositif. Qui décide au final ? Directeur, chef de service, intervenant en analyse des pratiques ? Car elle peut se faire aussi en faisant évoluer la demande initiale d’un établissement. Et parfois elle peut intervenir au cours-même de la convention.

Les directions et pôles des ressources humaines (R.H.) mesurent-ils vraiment les enjeux pour leurs services concernant la composition des groupes d’Analyse de Pratiques Professionnelles ? Bien souvent non, explications.

La plupart du temps, lorsqu’une direction (ou service R.H.)  fait paraitre une offre pour intervenant APP, elle précise uniquement la fonction des professionnels qu’elle souhaiterait intégrer au dispositif. Cependant les raisons qui sous tendent ce choix sont rarement explicitées. Et il arrive très souvent de découvrir que les directions et services R.H. n’ ont pas réellement questionné la composition des groupes d’analyse des pratiques en terme d’enjeux pour leurs services.

  • Les groupes d’Analyses des Pratiques Professionnelles s’inscrivent-ils dans l’objectif institutionnel d’un management d’équipe plus efficient ? Dans une stratégie de gouvernance spécifiquement menée par la direction ? Dans une attente de régulation de certaines tensions entre salariés ?
  • Est-ce préférable de constituer des groupes d’APP pluridisciplinaires ou des groupes par métier/ fonction ? Quelle est l’analyse et la stratégie de l’institution concernant la composante de cohérence globale des pratiques ?
  • Pour les cadres de l’institution : est-ce préférable d’éviter les interactions entre des professionnels en conflits et donc de les inscrire dans le même groupe d’Analyse de la Pratique ?
  • Est-il judicieux d’intégrer d’autres professionnels gravitant autour des usagers (secrétaires, cuisiniers,…) ? Quel sens pour le groupe d’Analyse des Pratiques  ? pour l’institution ? pour ces professionnels, eux-mêmes ? Et pour le dispositif ?
  • Y a t’il des professionnels dont la direction n’a aucunement parlé et qui pourtant pourraient intégrer le dispositif ? Pourquoi ce choix de non participation d’office ?
  • Quels enjeux véritables à intégrer ou exclure le cadre de direction pour cette institution ?
  • Comment gérer la présence dans les groupes APP des professionnels transversaux à plusieurs services ? et ceux qui sont à temps partiel ? Et les professionnels de nuit ?

Toutes ces questions sont également à croiser avec  :

  • La taille de l’établissement ( et le nombre de salariés par fonction)
  • L’organisation du temps de travail des différents professionnels
  • Les attentes et objectifs institutionnels relatifs au travail d’Analyse de la Pratique : ceux des équipes et de la direction ( car même si elle ne participera très probablement pas aux groupes en eux-mêmes, cette dernière a clairement, depuis sa fonction des besoins à exprimer concernant les pratiques des professionnels de terrain qu’elle observe et encadre.)
  • Les compétences des intervenants APP (points de force et de fragilité, notamment en terme de pilotage de la dynamique de groupe)
  • La qualité du contexte institutionnel,
  • Le passif autour des relations entre salariés,
  • Le passif de l’outil APP

Rares sont les connaissances diffusées autour des enjeux stratégiques et techniques des variables de composition des groupes d’Analyse de la Pratique. Mon expérience d’intervenante m’a enseigné que de nombreuses variables entrent en jeu, et parfois il est incontournable de tester le dispositif d’Analyse des Pratiques dans une certaine configuration avant de la faire évoluer, ce que, par exemple, je prévois toujours dans mes conventions.

Quoi qu’il en soit, la composition des groupes d’Analyse des Pratiques Professionnelles est stratégique en elle-même.

Directeurs, chefs de service et intervenants APP peuvent calibrer ensemble, avec stratégie, le dispositif d’Analyse des Pratiques

Les directions apprécient que nous questionnions avec elles la composition des groupes APP et ce, afin de les guider au mieux vers un dispositif qui sera calibré avec pertinence ( stratégie, cohérence) pour leurs services.

Ce travail préalable de “penser le dispositif Analyse des Pratiques” est bénéfique à plusieurs niveaux. En effet, le temps passé en amont, dans une posture collaborative avec l’établissement ( équipe comme cadres), conduit à de généreuses retombées sur l’outil d’Analyse de la Pratique. Concrètement ? Cela est mesurable par le respect des dates convenues, le fait de favoriser la présence des salariés lors des séances prévues , la bonne disponibilité de la salle, le règlement des factures dans les temps, la confiance s’il y avait à aborder un évènement particulier survenu au cours du contrat d’accompagnement…

Aussi, ce travail de questionnement de la composition des groupes d’Analyse de la Pratique a pour mérite d’impliquer les directions dans le dispositif, qui comme nous le savons tous, les en exclut souvent. Ce qui, à mon sens, incarne avec cohérence une collaboration bienveillante entre intervenant et institution.

Inscrire les Analyses de Pratiques en connaissance du contexte et des enjeux actuels qui traversent l’institution.

Veiller à faire répondre le dispositif aux besoins élargis de l’institution n’est pas détourner l’essence même des groupes d’Analyse de la Pratique Professionnelle. Tout est question de nuances. Entre perversion de l’outil et méconnaissance voire le désintérêt des enjeux actuels, il y a un juste milieu.

Osons, en tant qu’intervenant APP questionner la pertinence du dispositif tel que mentionné dans une annonce d’Analyse des Pratiques Professionnelles fraîchement parue ! Et osons proposer une autre composition si cette dernière nous paraît plus efficiente pour le dispositif, en prenant soin de l’expliciter aux cadres de direction et équipes.ANNE-CHIMCHIRIAN

Les véritables enjeux qui se posent au travers de la composition d’un groupe d’APP sont subtils et complexes en termes de stratégie et de technicité. Je vous donne rendez vous d’ici quelques mois, dans un nouvel article, pour aborder plus en détail ces enjeux.

Puisse cet article continuer de nous amener à prendre du recul sur ces pratiques spécifiques nommées APP, si précieuses sur les terrains concernés quand elles sont menées avec bienveillance et efficience.

 

Anne CHIMCHIRIANIntervenante en APP – formatrice – superviseur d’intervenants en APP

 

Photo de HARUN BENLİ provenant de Pexels