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Analyse de la pratique et supervision : du dogme à la réflexion

Un petit groupe s’est réuni récemment à Montpellier, à l’occasion de notre formation-action autour de l’analyse des pratiques professionnelles et la supervision. Ce groupe, modeste dans ses ambitions, a tout de même revêtu une dimension internationale et pluridisciplinaire grâce à la présence, outre de psychologues et de chef de service, de médiatrices Suisses. Chaque participant a pu, tour à tour, exposer une situation, puis s’essayer comme animateur de séance. Ce parti-pris pédagogique présupposait que l’APP-S (analyse des pratiques/supervision) est davantage une pratique et que, les tentatives innombrables pour modéliser ce dispositif, loin d’avoir clarifié la situation et d’aboutir à un consensus, augmentaient la confusion.

Les premiers échanges entre nous ont en effet prouvé qu’aucune définition ne l’emportait quant à savoir ce qu’est l’APP-S, et qu’aucun argument décisif ne permettait par exemple, de différencier de manière convaincante l’analyse de la pratique et la supervision. Il n’existe pas, non plus d’expert reconnu ; tout juste des courants.

Différant donc une théorisation en panne, la modélisation de nos expériences nous a amené à revisiter ces dispositifs dont l’intérêt a été reconnu par tous. En les sériant, je vous livre ici, en toute transparence, les questions soulevées par le groupe plutôt que des réponses académiques. Nous laissons à leurs certitudes ceux qui en ont…

La place du groupe.

  • Comment l’impliquer pour mutualiser les compétences de chacun et que le groupe produise du savoir ?
  • Quelles sont les limites du travail en analyse de la pratique par rapport à une personne, jusqu’ou aller, sans violer l’intimité de la personne face au groupe ?
  • le groupe est ou peut assurément être une ressource ;
  • Selon le courant et la méthodologie appliquée (co-développement, systémie…) le groupe peut se voir proposer des rôles très différents et il existe plusieurs façons de faire toutes aussi valides ;
  • L’objectif est d’assurer un juste équilibre entre la personne (celle qui amène une situation par exemple) et le reste du groupe. Chacun doit travailler à l’élaboration de ses propres pratiques.

Quelques propositions :

  • La position de l’animateur :

    • il peut y avoir une forte attente ou une forte opposition
    • doit-il avoir une posture expertale ou non ? l’animateur peut-il proposer des éclairages théoriques, des hypothèses, des stratégies ? l’APP-S peut-elle comporter une dimension formationnelle ?
    • l’animateur est-il simplement garant de l’animation (circulation de la parole, respect des règles ou du cadre, gestion de la dynamique du groupe) ou peut-il s’autoriser à élaborer avec le groupe ?
    • l’animateur est garant de la sécurité émotionnelle du groupe et s’assure de l’implication de chacun
    • les règles doivent être aidantes et non paralysantes. Elles sont donc en relation étroite avec la méthodologie retenue, doivent être cohérentes avec les objectifs et nécessitent un traitement particulier…
  • La question des règles de fonctionnement :

    • La confidentialité : il n’est pas possible de la garantir. Par ailleurs, ce ne peut être un dogme puisque l’intervenant peut avoir une demande institutionnelle de concertation. Par ailleurs l’évocation des difficultés récurrentes éprouvées par le personnel et abordées dans les séances d’APP-S sont le carburant d’un management attentif et pertinent.
    • Le volontariat est préférable, mais la participation obligatoire présente de l’intérêt (c’est de l’aide contrainte !). plusieurs modalités coexistent : forte incitation, obligation de participer à quelques séances (1, 2 ou 3) ;
    • L’animateur propose la co-construction des règles de fonctionnement du groupe et vérifie l’adhésion de chacun au cadre. Des règles se dégagent naturellement d’un groupe, mais faut-il les laisser implicites ou les expliciter, les clarifier, les négocier ? Et si oui, est-ce au démarrage du groupe ou chemin faisant ?
    • Le non-respect du cadre doit-il susciter un rappel du cadre de la part de l’intervenant ou peut-il être considéré comme un « symptôme de groupe » qui peut être élaboré par l’animateur et proposé au groupe ?
    • Directivité ou non directivité ?

Quelques points de convergence se dégagent :

Un point de convergence : la sécurité émotionnelle du groupe est indispensable pour que chacun puisse s’exprimer. Les règles quant aux échanges entre la direction et l’animateur doivent être explicitées et éventuellement négociées avec le groupe. L’animateur ne fait pas de verbatim (untel a dit « … »)

Proposition : Le lien avec la méthodologie retenue doit être fort ; c’est l’adhésion du groupe à la méthodologie qui légitime une éventuelle posture directive de l’animateur

Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de traiter l’importante question de la gestion de l’émotionnel au sein d’un groupe d’APP-S… et sûrement de beaucoup d’autres points. Nous serons attentifs aux retours qui pourraient être faits sur cet article…

Jean Pierre ERNST – Psychologue consultant

Systémie, APP, formation, supervision, Réflexivité