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Les séances d’analyse des pratiques professionnelles en EHPAD, la situation actuelle.

interviews ehpad

Nous avons réalisé une enquête auprès des soignants pour savoir en plus sur l’usage de l’analyse des pratiques professionnelles en EHPAD.  Par ailleurs, nous avons interrogé quatre professionnels animant des séances d’Analyse des Pratiques en EHPAD. Le premier constat est qu’il y a eu, ces derniers mois, une  baisse des séances d’APP du principalement à la crise sanitaire. Il faut rappeler que les Établissements d’Hébergement pour Personnes Âgées  Dépendantes ont subi de façon drastique la crise du COVID et ses différents confinements. Aussi, ces établissements ont réouverts totalement leurs portes que récemment. Dès lors, il est légitime de penser que les directions ont eu d’autres priorités.

Étonnamment les demandes d’Analyse des Pratiques ne viennent que rarement des AMP, des AS, des ASH, ou des IDE. Ce constat des intervenants confirme ce que l’enquête nous avait déjà révélé. En fait, qu’il s’agisse d’établissements privés, publics ou associatifs, les demandes de séances sont majoritairement exprimées par les directions. D’une manière générale, les motivations de celles-ci sont de deux ordres. En effet, certaines directions ont conscience du besoin et des bienfaits des séances d’APP au sein de leurs établissements. En revanche, d’autres Directeurs ou Directrices expriment leur demande notamment dans le cadre des recommandations de l’ARS.

Dans certains établissements, l’absence de cadrage des interventions a donné lieu à des expériences négatives. Néanmoins plusieurs de ces Directions restent conscientes de l’apport positif des séances d’Analyse de Pratiques. Les nouvelles demandes d’intervention font suite au constat d’un personnel en souffrance, en sous-effectif et en permanence à flux tendu. S’ajoute à ce constat les souhaits d’une meilleure cohésion d’équipe, d’une prise de recul, d’un autre regard sur le patient et d’une démédicalisassions de l’intervention des soignants.

Dans ce contexte, le retour d’expérience des intervenants en EHPAD met clairement à jour les effets délétères des mécanismes projectifs en l’absence de temps de prise de recul. Les professionnels savent bien qu’il y a de fortes chances qu’ils se retrouvent tôt ou tard à la place des résidents dont ils doivent prendre soin.

Les modalités des séances d’Analyse des Pratiques en EHPAD

Les intervenants interviewés réalisent environ une séance par mois dans les structures dans lesquelles ils interviennent. Ces séances ont une durée allant de 1h15 à 2h00 et s’échelonne au mieux sur 10 mois. En effet, pendant la période des vacances d’été, il n’y a généralement pas de séances d’Analyse de la Pratique.

Compte tenu de la situation générale des EHPAD, ce rythme et cette durée semblent être les bons pour la plupart des intervenants. D’une part, le personnel d’EHPAD travaille à flux tendu et l’organisation des séances peut être complexe, d’autre part des séances trop longues peuvent être lourdes émotionnellement. Le temps est, hélas, un luxe qu’ils n’ont que rarement et les séances se concentre sur l’essentiel parfois intense.

Les professionnels interrogés précisent que ce temps peut être suffisant dans la mesure où les séances sont menées sur du long terme et la présence des personnels régulière. Cette présence effective des salariés ne peut se réaliser qu’avec un engagement de la Direction conscience de l’importance de ces temps de prise de recul.

Les équipes d’EHPAD face à l’Analyse des Pratiques

Certaines équipes d’EHPAD ont pu vivre des expériences négatives lors de séances d’Analyse des Pratiques. Aussi, certains de leurs membres peuvent éprouver des réticences lors d’une nouvelle expérience. Parmi les craintes exprimées, nous retrouvons la peur de l’intrusion, celle de voir ses propos analysés psychologiquement, d’être manipulé, utilisé à d’autres fins que celles annoncées. La remise en question de son propre travail et l’apport de nouvelles “idées nouvelles” peuvent être également sources d’inquiétude.

Comme le soulignent justement les intervenants, il est indispensable de rencontrer les équipes en amont pour présenter les séances d’Analyse de la Pratique et dissiper les principales réticences. L’instauration d’objectifs et un cadre d’intervention clairs et partagés sont de nature à rassurer à minima les équipes.

Dans la plupart des établissements, la participation est basée sur le volontariat. Malgré cela et la rencontre en amont des professionnels des EHPAD, la participation reste mineure, souvent, moins du quart des effectifs participe. Compte tenu de la configuration des plannings et des contraintes de l’organisation les participants sont rarement assidus. Même lorsque les séances sont rendues obligatoire la présence régulière des participants est plutôt rare. Cet état de fait est de nature à dévaloriser ces temps importants et à démobiliser les équipes.

Les effets de l’analyse des Pratiques en EHPAD

Les bénéfices sont indéniables, nous disent les différents intervenants même s’il n’est pas toujours facile de disposer des retours des équipes. Il a d’abord un pouvoir libérateur, un déblocage de situations difficiles. Les séances permettent également aux équipes de se former sans pour autant avoir l’impression de remettre en question leurs connaissances et leurs compétences.

Lorsque cela n’était plus le cas, les soignants ré-abordent à nouveau les personnes comme des résidents plus que comme des patients. La prise en charge du résident en est amélioré également. Dès lors, les séances d’analyse des pratiques professionnelles ne servent pas seulement le fonctionnement interne des équipes, mais également le service rendu aux personnes accueillies.

Quant à rendre obligatoire l’Analyse des Pratiques en EHPAD

Les avis sont partagés sur la question. Certains intervenants estiment que l’obligation devrait s’opérer alors que d’autres estiment qu’un déroulement sur la base du volontariat est préférable. Il en va pour ces intervenants de l’efficacité des séances. Dans tous les cas, l’obligation ne se dédouane pas d’apporter du sens à l’exigence de participation à des séances d’analyses des pratiques. Dès lors, il appartient aux différents protagonistes de se demander en quoi les séances d’Analyse des Pratiques font-elles partie prenante du travail d’accompagnement et d’en tirer les conséquences.

En conclusion, les EHPAD sont en retard en matière d’instauration de séances d’Analyse des Pratiques par rapport au reste du secteur. D’une manière générale, les cadres de santé d’EHPAD ne sont ni informés, ni formés au regard de l’Analyse des Pratiques. Par ailleurs, l’organisation propre à ces établissements ne permet que peu d’apports d’interaction avec l’extérieur pour des équipes qui manque cruellement d’information.

Enfin, dans le cadre de la mise en place de sessions d’Analyse des Pratiques au sein des EHPAD, nous invitons les directions à y inclure des IDE et les IDEC qui y sont hélas, rarement présentes. Notons qu’en EHPAD les services généraux (restauration, entretien…) sont également au contact des résidents et participent quotidiennement, à leur niveau, à la prise en charge.

L’instauration de séances Analyse des Pratiques pleinement investies par l’ensemble du personnel contribuera à ce que les EHPAD soit des lieux de vie avant d’être des lieux de soin.

Un article et des Interviews réalisés par
Pernelle CHAUMEIL Community Manager et Graphiste

Des interviews de :


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EHPAD, Burnout, Directeur, soignant