
L’Analyse des Besoins Sociaux (ABS) constitue un outil stratégique pour les CCAS (Centres communaux d’action sociale) : elle vise à identifier les besoins de la population locale afin d’adapter les réponses sociales. Trop souvent perçue comme un exercice tourné exclusivement vers les publics, l’ABS permet pourtant aussi de mettre en lumière les besoins et difficultés des professionnels eux-mêmes, en tant qu’acteurs centraux de la relation d’aide.
Dans ce contexte, la mise en place de temps d’analyse des pratiques professionnelles (APP) peut émerger comme une préconisation opérationnelle issue du diagnostic : un levier pour mieux soutenir les équipes, affiner les réponses sociales et améliorer la qualité du service rendu.
Le décret n°2016-824 du 21 juin 2016, relatif à l’obligation faite aux CCAS de réaliser une ABS sur leur territoire, invite à aller au-delà du seul usage de données statistiques en intégrant également des analyses complémentaires plus qualitatives. C’est dans ce cadre que les travailleurs sociaux et autres intervenants de terrain, ou encore les encadrants mais aussi les partenaires, peuvent signaler certaines difficultés systémiques :
Autant d’éléments qui, au-delà même d’alimenter la réflexion sur les besoins des publics, révèlent aussi des fragilités dans les conditions d’exercice des professionnels. C’est ici que l’ABS, en tant qu’observatoire des dynamiques sociales locales, peut alors formuler une recommandation structurelle : soutenir une réflexion collective sur les pratiques.
L’analyse des pratiques professionnelles (APP) est alors susceptible de pouvoir répondre à plusieurs enjeux repérés dans l’ABS :
L’APP peut ainsi être pensée comme un dispositif d’amélioration continue, à la fois individuel (professionnalisation) et collectif (cohésion d’équipe, coordination de l’action).
Pour être efficace, l’APP doit s’inscrire dans une démarche volontaire, encadrée et pérenne, qui passe notamment par :
Pour conclure, si l’ABS constitue un outil stratégique essentiel pour ajuster les politiques sociales aux réalités du territoire, elle peut être aussi un révélateur des besoins et problématiques des professionnels des CCAS ; de ceux et celles qui, au quotidien, assurent une médiation entre institutions et populations.
Recommander la mise en place ou la pérennisation de groupes d’analyse des pratiques professionnelles à l’issue d’une ABS peut donc avoir du sens.
C’est faire le choix d’un développement social durable, fondé sur l’écoute des acteurs, la reconnaissance des compétences et la recherche collective de sens.
C’est, en somme, faire de l’ABS un levier de transformation organisationnelle autant que sociale.
Crédit photo: Image par Augusto Ordóñez de Pixabay