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Groupe d’Analyse de la Pratique Professionnelle : quelles méthodes, quels objectifs ?

Groupe d’Analyse de la Pratique Professionnelle

Le développement des groupes d’analyse de pratique professionnelle date d’une vingtaine d’années environ et ils sont entrés dans le paysage de la formation et du développement des compétences des professionnels des métiers de la relation d’aide.

Les groupes d’Analyse de Pratique Professionnelle ou APP trouvent leurs origines dans les travaux de BALINT ainsi que dans l’approche réflexive de SCHÖN et ARGYRIS.

L’approche de BALINT :

Michaël BALINT médecin et psychanalyste d’origine hongroise, a pour idée de proposer dans les années 40, des séminaires pour les médecins généralistes. Ce qui motive cette idée, est que BALINT fait le constat suivant : la formation médicale traditionnelle ne prépare pas le médecin à affronter la relation avec les malades et pour lui, la psychanalyse permet d’éclairer ce qui peut se jouer dans cette relation.

Le processus que BALINT propose est le suivant : les participants (les médecins) réfléchissent à partir de situations réelles vécues, lesquelles ayant posées problème. L’objectif est de faire apparaitre “ce que le médecin fait à son patient et ce que le patient fait au médecin sur le plan émotionnel“. Il s’agit donc de travailler spécifiquement sur la relation contre-transférentielle médecin-malade.

Une étude menée par Blanchard-Laville et Pestre permet de comprendre en quoi le type de travail contre-transférentiel est pertinent. Il met en exergue la relation duelle entre le professionnel et son client qui mobilise des émotions, des affects ainsi que des représentations (ex la notion de l’enfant “sage” chez les professionnels de la petite enfance). Mettre à jour l’ensemble de ses éléments permet alors au professionnel d’éclairer ses modes de fonctionnement répétitifs, ses réactions, inadaptés aux situations. Toutefois il existe une limite à ne pas franchir pour l’animateur de ce type de groupe, l’exploration de l’histoire personnelle du professionnel, ce qui le ferait basculer dans un groupe de thérapie et plus un groupe de formation.

L’approche de SCHÖN et ARGYRIS : 

Il s’agit là d’une approche centrée sur la science action où l’action est source de connaissance. C’est ce qu’ils nomment le “learning by doing“. Pour SCHÖN, les situations en pratique professionnelle sont teintées de complexité, d’incertitude, d’instabilité, de particularisme et de conflit de valeurs, qui rendent inopérantes le savoir scientifique et les sciences appliquées enseignées à l’université. De cette réflexion, SCHÖN a développé le concept de la réflexion en cours et sur l’action. Ce concept est à rapprocher de la modélisation du processus d’apprentissage de David KOLB. Que quoi s’agit-il?

L’apprentissage est une suite de boucles qui part de l’expérience, va vers l’explicitation, puis vers l’explication et l’expérimentation pour retourner ensuite vers l’expérience.

  • L’expérience est le point de départ de l’apprentissage, toutefois on apprend lorsqu’on réfléchit sur son action, ce qui signifie qu’il n’y a pas nécessairement apprentissage dans l’action. On définit ici l’expérience par tout ce qui est perçu sensoriellement c’est à dire perçu par les sens externes, les sens internes, en y incluant les pensées, le discours interne, etc…Dans cette phase, l’apprenant fait l’actualisation de son vécu.
  • L’explicitation est la première phase de prise de recul, où l’apprenant prend une position méta, il se regarde agir. C’est lui permettre de faire une réflexion de l’expérience pour en prendre pleinement conscience en la situant dans le temps, dans l’espace et dans un contexte précis. L’apprenant raconte alors le “film” de l’expérience en rapportant ce qu’il voit, ce qu’il entend, ce qui se passe et tout ce qu’il se dit intérieurement lors de l’expérience. L’objectif est d’expliciter “comment” cela s’est passé et non “pourquoi” cela s’est passé.
  • L’explication, cette phase permet de relier l’expérience aux connaissances, aux concepts et aux théories. C’est la deuxième phase de recul par rapport à l’expérience qui permet à l’apprenant de réfléchir sur la logique de l’expérience. A ce stade il est indispensable que l’apprenant face appel à de nouveaux savoirs, concepts, fondements théoriques qu’il pourra confronter à ce qu’il possède déjà, pour acquérir ainsi de nouveaux savoirs. Cette étape est une étape de conceptualisation et de théorisation où l’apprenant va modéliser l’expérience à la lumière de ses savoirs.
  • L’expérimentation débute par une réflexion personnelle d’intégration, où l’apprenant se pose les questions suivantes : qu’est ce que je comprends…, qu’est ce que j’apprends de cette expérience? À cette étape l’apprenant identifie une potentielle transformation de l’action qu’il intègre de la façon suivante : “Ce que je ferai la prochaine fois lors d’une expérience similaire…”. Il s’agit de la régulation de l’action. Enfin, l’apprenant pourra expérimenter une nouvelle action dans une nouvelle expérience et ainsi le processus d’apprentissage se trouve bouclé.

Quelque soit la méthodologie utilisée par l’animateur APP (Balint, Schön) dans l’accompagnement d’un groupe, les objectifs sont importants. Les objectifs sont intimement liés à la nature du dispositif APP.

Le dispositif d’Analyse de la pratique posent les bases suivantes :

  • un processus finalisé : l’objectif est la construction de l’identité professionnelle, de développer la professionnalisation. Il s’agit d’une démarche de formation 
  • un processus de groupe : l’objectif est d’élucider et de donner du sens à la pratique par le partage dans le groupe lors de présentation de cas d’un de ses membres.
  • un processus cadré : l’animateur, qui est un expert, en est garant et l’objectif est de donner des cadres et des grilles de lecture des situations, de fournir des repères théoriques pour mieux les comprendre sans donner des solutions toutes faites.
  • un processus “outillé” : l’objectif est de développer les savoirs selon 4 dimensions.
      1. dimension instrumentale : formalisation de la pratique
      2. dimension heuristique : création de nouvelles pistes de réflexion
      3. dimension de problématisation : formalisation des problèmes
      4. dimension de changement : création de nouvelles représentations
  • un processus d’articulation entre pratique et théorie : l’objectif est de rendre majeur et central la parole des membres du groupe.

Vincent PAUTHE

En tant que psycho-praticien, dans le cadre de l’exercice de la psychothérapie, j’ai à me pencher avec mes superviseurs sur ma pratique professionnelle afin d’améliorer la qualité de l’accompagnement que j’offre à mes patients. Au delà du cadre de référence et de la “technique” utilisée, ce questionnement se centre majoritairement du temps sur l’analyse de la relation qui s’installe entre le praticien et ses patients, il s’agit de regarder comment le transfert et le contre-transfert s’invite dans le lien patient-psychothérapeute sans pour autant oublier la dimension théorique et conceptuelle.

Ainsi mon approche et ma pratique des groupes d’APP se situent entre ces deux dimensions : la dimension clinique et psychanalytique où le fonctionnement du groupe se rapproche de celui d’un groupe de parole dont l’objet est la personne en tant que professionnel et la dimension réflexive où le fonctionnement du groupe se centre sur la construction du métier.

Je règle le curseur en fonction des objectifs et des enjeux majeurs du groupe et du niveau de maturité du groupe.

Et vous quel est votre approche?

En Savoir plus sur l’Auteur: Vincent PAUTHE
Psycho-praticien et Praticien en Analyse de la Pratique Professionnelle

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