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De l’intervision et la supervision systémique en milieu professionnel

supervision intervision

Que peuvent amener une intervision ou une supervision systémique aux coachs et superviseurs d’équipes en milieu professionnel ?

L’accompagnant et l’environnement.

Un coach ou un facilitateur qui intervient en entreprise ou un cadre de santé, un superviseur d’équipes ou un intervenant en analyse de pratique en institution, est un agent de changement important… et parfois méconnu ! Et cet agent a besoin aussi de faire un retour sur lui-même et sur les conditions de ses accompagnements. C’est bien en cela que l’intervision ou la supervision systémique sont des aides importantes pour lui.

Mais avant de parler de supervision, revenons à la nature de ses interventions.

Au travers de ses missions auprès des managers ou des équipes, le coach / superviseur est amené à accompagner la transition de personnes ou de groupes de personnes de la situation actuelle à une situation nécessaire et/ou souhaitée. Et ceci, en tenant compte de l’environnement humain et systémique dans lequel ce changement prend place.

Quand on parle d’environnement, on pense souvent aux conditions et aux contraintes engendrées par la nature du travail, le type d’organisation de la structure, la raison d’être et les objectifs de l’entreprise ou de l’institution ainsi que par le mode d’organisation du travail.

Le coach ou le superviseur d’équipe cherche donc à obtenir le plus rapidement possible des réponses à ces questions :

  • De quelle situation part-on ?
  • Vers quelle situation souhaite-t-on se diriger ?
  • Qui est concerné ?
  • Quelles sont les conditions (matérielles, économiques, organisationnelles, relationnelles, communicationnelles, …) dans lesquelles se place la mission ?
  • Quels facteurs sont à l’origine de la demande ou la nécessité de changer ?

Il veillera ensuite à tenir compte de tous ces éléments dans son accompagnement, notamment dans la définition de l’objectif de la mission.

L’accompagnant et les systèmes de valeurs.

Cependant, si la connaissance de tous ces paramètres est fondamentale, elle n’est pas suffisante.

En effet, deux autres aspects sont déterminants dans la dynamique qui va se mettre en place.

Le premier aspect relève des « systèmes de valeurs » présents au sein de la structure accompagnée.

Le plus souvent et de manières diverses en fonction des outils et méthodes qui lui sont familiers, le coach ou le superviseur cherche à déterminer et à rendre conscients les systèmes de croyances qui existent chez le(s) professionnel(s) accompagné(s). Ceci lui permet de relever les croyances facilitantes et les croyances limitantes, dans l’intention d’aider le professionnel à s’appuyer sur les premières et à transformer autant que possible les secondes.

La théorie…

Le « système de valeurs » va au delà de la compréhension d’un système de croyances. Il l’inclut dans une perspective plus large qui identifie un système cohérent.

Ce système englobe (de façon schématique) :

  • La posture fondamentale prise par rapport à l’environnement, ce qui va induire les réactions pour y rester en vie
  • Le but de la vie, ce que les personnes cherchent à atteindre
  • Le socle des valeurs de base
  • Le mode de vie considéré comme étant le plus adapté à la perception de l’environnement
  • Les comportements vis-à-vis de soi et des autres
  • Les modes de décisions
  • Le modèle de société (organisation, leadership, transmission, …)

Un synonyme de « système de valeurs » pourrait être « vision du monde » : il s’agit véritablement de la manière dont une personne (ou un groupe de personnes) envisage le monde autour d’elle et construit l’ensemble des conditions de vie qui lui permettront d’exister au mieux dans ce monde.

Les systèmes de valeurs sont donc des visions du monde qui impliquent un positionnement, un ensemble de présupposés, une façon de communiquer, une façon de régir les relations individuelles et collectives, une façon de mener les actions, un idéal de vie.

Et donc, y sont associés des ensembles de croyances qui ouvrent et ferment les portes à différentes possibilités.

Ainsi, ce qu’un système de valeurs envisage comme nécessaire à sa qualité de vie semblera inacceptable pour un autre système de valeurs.

… Et la pratique

Voici quelques exemples assez fréquents dans le milieu professionnel :

  • Exprimer sa colère est admis pour s’affirmer… ou pas
  • La fragilité et la demande d’aide sont acceptées… ou pas
  • Prendre des décisions se fait de façon collaborative … ou pas
  • L’évolution de la carrière peut se faire horizontalement dans la structure … ou uniquement verticalement
  • Un management de type participatif est bien vu… ou pas
  • L’accent est mis sur l’obéissance aux consignes… ou sur la créativité et l’autonomie

Bref, il est important que l’accompagnant identifie quel système de valeurs le professionnel accompagné adopte préférentiellement et quels systèmes de valeurs sont présents autour de lui (il y en a généralement plusieurs en présence). La supervision systémique pourra l’y aider.

Cela permettra deux choses :

  •  Identifier les contradictions auxquels le professionnel se confronte (dues à un décalage entre sa vision du monde et celle(s) de l’entourage) et donc les frictions, ruptures ou impossibilités que cela peut générer
  • Identifier ce qui est acceptable ou pas, attendu ou pas, dans la relation entre l’accompagnant et le professionnel.

L’accompagnant et ses projections.

Et ceci m’amène à aborder le second aspect déterminant dans la dynamique de l’accompagnement.

Il est important que le coach ou le superviseur soit au clair avec son propre positionnement dans un ou plusieurs systèmes de valeurs. En effet, il fait partie du système et sa propre vision du monde a aussi une influence sur la dynamique globale de l’accompagnement …

Les coachs, facilitateurs ou tout autre accompagnant professionnel ont été préparés à repérer leurs propres projections dans leurs accompagnements : blessures, expériences, croyances, valeurs, émotions sont autant d’influenceurs intempestifs qui peuvent s’inviter dans les accompagnements si on n’y prend pas garde.

Ainsi, il sait que sa posture est importante : il n’est pas là pour trouver des solutions à la place des personnes accompagnées, bien que ce soit parfois très tentant !

Si le plus souvent, les accompagnants ont l’habitude de s’interroger sur eux-mêmes et leurs pratiques, il n’en est pas forcément de même sur leurs systèmes de valeurs et leurs propres visions du monde.

Or, ces deux derniers éléments influencent tout autant la relation d’accompagnement puisqu’ils déterminent une forme de projection parfois bien plus difficile à débusquer.

L’accompagnant et lui-même… dans sa globalité.

La supervision et l’intervision systémique permettent d’explorer tous les éléments qui composent la dynamique de l’accompagnement.

Leur objectif est de permettre aux coachs et autres intervenants de percevoir toutes les données de l’environnement en termes de systèmes de valeurs, tout en s’incluant dans cet environnement et en identifiant le rôle qu’ils jouent au travers de leurs propres projections.

Cela inclut bien sûr les deux types de projections évoqués ci-dessus :

  • Les projections personnelles en lien avec le vécu: celles-là peuvent être explorées avec des outils tels que l’Analyse Transactionnelle ou les mécanismes de l’intelligence émotionnelle, par exemple.
  • Les visions du monde en lien avec leurs systèmes de valeurs.

Si dans la relation accompagnant / accompagné, l’accompagné est au centre et on décode l’environnement par rapport à lui ; dans la supervision et l’intervision, c’est bien l’accompagnant qui se trouve au centre et c’est autour de lui que l’on décode liens et environnement.

Supervision et intervision systémiques : les différences, les bénéfices de chacune.

Chaque approche a ses propres caractéristiques. En voici une synthèse.

Supervision :

  • Relation « one to one »,
  • Retour et questionnement par le superviseur uniquement.
  • Tout le temps de la séance est consacré à une seule personne.
  • Lieu idéal pour déposer et approfondir.

Intervision :

  • Groupes de 2 à 4 professionnels en général (parfois groupes plus importants)
  • Chacun amène une problématique et reçoit le retour des autres participants et du superviseur.
  • Temps divisé mais retours multiples et différents.
  • Enrichissement dû à l’écoute des autres cas.
  • Liens possibles entre les cas.

En fait, il s’agit de 2 approches pour un même objectif mais utilisant des biais différents :

  • La supervision propose profondeur et intensité avec une seule dimension.
  • L’intervision, elle, est une approche horizontale et multidimensionnelle.

Ainsi, l’intervision et la supervision systémiques permettent aux accompagnants du changement :

  • De bénéficier d’un retour sur leurs pratiques et leurs ressentis en tant que coach ou facilitateur,
  • D’analyser leurs projections tant sur l’axe personnel que sur l’axe des systèmes de valeurs,
  • De mettre en perspective l’ensemble des éléments de la relation d’accompagnement de façon à être en mesure de trouver leurs propres issues et solutions.

Karin ROLAND, coaching, supervision, formation


Crédit photo : Image par Gerd Altmann de Pixabay

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