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APOSTROPHES Texte de réflexion sur la nature d’une MAS

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Que traite Apostrophe. Beaucoup de questions qui traversent le médicosocial et le social, mais pas seulement, aussi des questions qui ont à voir avec l’humanité.

Sur la forme générale, il est composé de 45 chapitres qui en tant que tel, sont de véritables introductions de livres sur un ensemble de thématiques toujours introduit par les mots d’usage. C’est pour ça que chaque apostrophe ont pour titres, sauf le premier, deux mots juxtaposés et mit en étude à partir de ce qu’ils veulent bien dire et finissant par une conclusion de l’auteur. Si on prend, « socialisation et sociabilité », s’ils ont la même racine, ils ne veulent pas dire du tout la même chose et quelle conclusion en tirer.

L’ensemble de ce livre peut se lire comme un journal de bord, dans la mesure où il témoigne également du temps et de la progressivité de la réflexion. Mais également aussi, chaque chapitre, appelé dans la circonstance fascicule, peut se lire de façon indépendamment de tout le reste. Ici, il peut avoir une vertu pédagogique pour ceux qui se questionnent sur une thématique bien spécifique. Par exemple, deux apostrophes ont pour titre « Parents, famille, institution » et « parents et société » qui soulèvent la question centrale de la parentalité dans notre société et qui par ailleurs viennent aussi questionner les sujets abordés qui se retrouve souvent au centre des pratiques professionnelles du médicosocial.

Néanmoins, apostrophe est un ouvrage qui s’est constitué dans le temps. Celui-ci traverse les apostrophes, si bien que dans une lecture approfondie et continu, les sujets se développent avec le temps à partir du microcosme d’un établissement M.A.S. (Maison d’accueil spécialisée) à l’humanité tout entière. C’est à fois sa richesse, mais pour certain ça peut être aussi un grand bazar qui manque d’unité. En ça apostrophe n’est pas un livre commun, mais bien un écrit particulier difficile à caser et de trouver une place dans le monde des sciences humaines, car il traite autant de psychologie, d’anthropologie et pour finir se poser comme un essai philosophique…

 

Pourquoi Apostrophe :

D’où vient ce titre ? À la base il ne s’agit pas d’amener à soutenir de nouvelles théories ou en confirmer d’autres déjà en cours. Mais simplement au regard d’un moment particulier dans une histoire humaine, mettre un point d’arrêt qui sollicite de la réflexion, sans pour autant toujours la faire déboucher sur un contenu philosophique, parfois oui, parfois non… Ce point d’arrêt produit d’une façon ou d’une autre un départ dans une étude. Ce moment particulier, ce point d’arrêt, se retrouve pleinement dans le verbe Apostropher, mais il ne suffit pas d’apostropher, il faut aussi embrayer de la réflexion, alors apostropher devient Apostrophe.

Au commencement, venir interroger se situait dans le langage en usage conformistes des pratiques professionnelles des établissements médicosociaux. C’est d’abord la tentative de venir un tant soit peu bousculer les représentations bien établies et pour quelques-unes de relativement profondes. Interroger, par exemple, la question familiale à propos de la parentalité, vient dire que ces deux notions sont dans ce langage courant systématiquement confondues, alors qu’elles n’ont rien à voir. À l’inverse, le rejet et la compassion sont toujours perçu en opposition, alors qu’elles ont souvent la même origine. C’est en quelque sorte venir apostropher une certaine pensée conformiste qui s’est bien évitée de venir justement interroger ce qui fait sens pour elle.

Apostrophe écrit au fil du temps est nourrie par un certain nombre d’inspirateurs. Pour autant cet écrit est totalement en transgression de l’écriture et des méthodologies universitaires, ce qui d’ailleurs donne une perception plutôt négative de cette dissertation. Peu de références d’auteurs et aucune bibliographie ou si peu. Ce qui de toute évidence pour un chercheur universitaire décrédibilisera totalement Apostrophe et il n’aura à ses yeux aucune valeur autre qu’une bouillie intellectuelle produit par un esprit vagabond qui ne retiendra aucun intérêt. Ce n’est pas un choix délibéré, mais une forme d’écriture de l’auteur lié à son histoire et la façon dont l’écriture c’est emparé de lui, alors que celle-ci lui a été plutôt défaillante. Cela est dû à la propre construction de ma pensée, certainement déformée à mes origines par mes difficultés d’apprentissage de la lecture et de l’écriture. Mon écriture ne peut échapper à son histoire, mais malgré ses séquelles, elle donne quelque chose de particulier entre raisonnement et caractère poétique du fait d’une non-conformité transgressive aux usages universitaires et académiques.

Le processus réflexif c’est construit d’abord à partir de la pratique clinique, l’écoute, l’attention, les échanges et beaucoup d’assiduité à des débats et divers colloques et conférences. Très peu de lectures, presqu’aucun livre, mais beaucoup plus d’articles, résumés et autres condensés ne dépassant jamais plus d’une vingtaine de pages, c’est d’ailleurs étant donné cette forme particulière d’imprégnation qui fait qu’Apostrophe est un ensemble de fascicules qui à la fois sont complétement décalés, mais par ailleurs sont inscrit dans un processus évolutif comme une ouverture au monde.

En résumé, ce qui peut caractériser ce livre, fait que pour certains, elle peut avoir une véritable originalité qui retient l’intérêt du lecteur, pour d’autres une forme de charabia qui appartient aux circonvolutions de l’auteur.

Les inspirateurs…

Il serait abusif de dire qu’Apostrophe ne serait pas traversé par des auteurs inspirateurs. Les apostrophes prennent comme point de départ et s’articulent toujours à partir de mots qui dans le langage sont à la fois fortement employés et déformés, comme la parole déforme le sens attribué aux mots. En ça, ma formation à la psychanalyse est entière… Les mots pour dire et aussi les mots à entendre… Tous les Apostrophes sont et démarrent par des mots. Mots associés à partir du langage courant ou mots pris dans des microcosmes culturels ou mots encore combinés qui à priori n’ont rien à voir. Des mots du langage courant peuvent alors devenir la source et l’amorce d’une réflexion.

Quand Apostrophe se déplie, alors les inspirateurs apparaissent. Sans en avoir l’air, il y en a beaucoup, mais j’en retiendrai essentiellement cinq : Jacques DERRIDA Saül Karz, Albert Camus, Alain Rey et Michel Serre.

Les origines :

Les Apostrophes trouvent leurs sources, il y a tout juste 10 ans à l’intérieur même de ce qui m’apparaissait comme un travail indispensable à mener au regard de la tournure des évolutions du médicosocial. Également à la suite d’une opportunité de mon association employeur qui sur cette période avait eu l’idée de créer un groupe d’analyse et de réflexions sur les valeurs fondamentales qui la structure. J’ai été sollicité pour participer à ce groupe et soutenir sa démarche auprès de l’association. Cependant et assez rapidement, ce groupe a été dissous par les autorités de cette association qui ne percevait plus bien son utilité, voir craignait que celui-ci amène une critique philosophique sur les orientations politiques générales du médicosocial et par effet indirect sur les orientations de l’association qui se voulait bien alignée sur cette politique.

À partir de cette situation, alors que j’avais commencé le premier Apostrophe dans le but d’alimenter la réflexion, tant à la fois pour ce groupe, mais également à travers les divers établissements qui composent cette association. Par suite de cette décision, il s’est produit comme un coup d’arrêt dans ma motivation d’écriture de petits textes sur des points concernant les valeurs sur lesquelles pouvait s’appuyer l’association. Malgré cette dissolution rapide, au point même que ce texte Apostrophe I « Parents, famille, institution » n’a pas été diffusé comme c’était prévu, j’ai pris le parti de poursuivre seul l’écriture de ces textes, dont certain avaient déjà été ébauchés et constitués bien auparavant (Apostrophe II, III et IV). À mon niveau, plus que jamais, ces questionnements restaient d’actualités. Pour rester en cohérence avec cet objectif, je me suis alors engagé à écrire sous forme de petits fascicules qui viennent apostropher pour solliciter de la réflexion à partir des mots du langage employés dans nos établissements. Ces fascicules sont devenus les textes « Apostrophes ». La dynamique et mon regard particulier sur les situations de la vie dans une M.A.S. et indirectement sur le médicosocial et le social, m’ont incité à poursuivre ce travail jusqu’à maintenant.

Reste, qu’indépendamment de la création de ce groupe qui a agi plutôt comme une opportunité, ce sont les questionnements à la rencontre particulière de cet établissement et des résidents qui y habitent que s’est mis en évidence la dynamique réflexive à la source originelle d’Apostrophe. Qu’est-ce qui le fondent, qui sont-ils, qu’est-ce que vivre, pourquoi sont-ils ici dans ce lieu particulier qui n’est pas un univers social comme le nôtre pour ceux qui y résident ?

Cette rencontre a fait choc. Ici c’est très vite posé, du fait de cette rencontre particulière, des questions de fond interpellant la nature même de l’humanité, « être ou ne pas être ; le questionnement de la mort, l’être social, humanité social et asocial… ».

Ces questions me sont apparus comme essentielles pour comprendre ce que j’ai intitulé en sous-titre : « La nature d’une M.A.S. ». Ici c’est trouvé le point de départ des Apostrophes, d’abord venant de l’interne M.A.S. dans le but de requestionner l’établissement sur ces sujets, à quoi il sert, quel accueil, qui sont ceux accueillis et à quoi on sert là-dedans en tant que professionnel. Puis progressivement, du milieu médicosocial en général à des questions sociétales et pour finir à l’humanité en tant que tel. Indépendamment de ces questions, il me paraissait également important à travers les différents mouvements de l’histoire qu’elle soit interne à l’établissement ou à l’humanité tout entière, de temps à autre, d’interroger ces fondamentaux.

Le déroulé :

Apostrophe est un déroulement avec la caractéristique que chaque Apostrophe peut se lire séparément comme un article indépendamment des autres, bien qu’ils soient tous plus ou moins relié entre eux. Ici on peut dire que la série Apostrophe s’écoule les uns derrière les autres comme un journal de bord. D’ailleurs dans le travail, notamment pour les derniers Apostrophes, beaucoup de renvoies sont fait sur les Apostrophes précédents, voir poursuivant. Il peut y avoir une réelle progression de l’un à l’autre pour certain, car il y a effectivement un approfondissement dans des Apostrophes qui apparaissent ultérieurement, pour d’autres au contraire absolument pas. Sur le fond, le lien ne s’est pas établi sur des contenus, mais plutôt sur une sorte de progression d’ouverture au monde, de la vie intérieure d’une M.A.S. à l’humanité tout entière qui se révèle sur les derniers Apostrophe. Également, interroger la question de la « personne » à celle de la « société » et pour finir par effleurer des questions civilisationnelles. C’est ça et uniquement en ça qu’Apostrophe ne peut échapper à une lecture progressive du 1 jusqu’au 45. Toutefois, pour bien rester dans le déroulement qui s’est construit au fil du temps, j’ai fait le choix de laisser les premiers Apostrophes tel qu’ils ont été écrits sur le moment où ils ont été conçus. Comme tout processus de réflexion, le temps passant, la forme, les élaborations, le recul sur les réalités, fait qu’au jour d’aujourd’hui, ils ne seraient pas du tout écrits de la même manière et peut-être même pour certains d’entre eux, auraient un contenu différent, mais il m’est apparu primordial de laisser dans ce déroulement, la trace du temps.

DIDIER BOUTERRECe déroulement c’est également construit à travers l’histoire même de notre société et de ma propre histoire. Celle-ci n’a pas été du tout insensible au phénomène évolutif du médicosocial lui-même en prise avec les évolutions sociétales, comme la place de la parentalité dans notre société. Également, dans ma propre évolution et histoire de professionnel intégré dans le médicosocial et le social, à un jeune retraité ayant pris au fil du temps un recul important, non seulement sur le médicosocial, mais aussi sur la société entière, voir ces toutes dernières années sur l’humanité et la civilisation, notamment liés aux effets des bouleversements écologies qui devraient, si ça m’est possible, permettre d’amorcer une nouvelle série Apostrophe, centré sur l’écologie et la civilisation.

Par Didier BOUTERRE, Psychologue, formateur, superviseur… En savoir plus…

 

MAS, Anthropologie, Pholosophie