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Différences entre analyse des pratiques, régulation, supervision et groupes de parole.

différences

Quelles sont les différences qui existent entre les formules classiques d’accompagnement des équipes pluridisciplinaires ? En ce qui concerne le soutien des équipes par l’intermédiaire d’un intervenant extérieur, il existe nombre de formules et de dispositifs qui différent par leurs objectifs, leurs enjeux ainsi que par les modalités de leur animation.

L’analyse de la pratique professionnelle nécessite une définition claire, car elle est souvent confondue avec d’autres accompagnements d’équipe annexes tels que la régulation, la supervision ou encore le groupe de parole.

Les différences entre finalités et moyens

Pour être concis et très schématique, nous insisterons prioritairement sur les différences concernant deux niveaux : celui des finalités et celui des moyens.

En quelques mots, la finalité d’une analyse des pratiques est de développer chez chacun une capacité d’autoanalyse et de prise de recul sur les situations de travail problématiques.

L’idée centrale est de passer de la posture de quelqu’un qui attend des solutions extérieures à quelqu’un capable de construire lui-même ses propres solutions. A distance ou en présence même de la situation, en groupe ou de manière autonome.

Pour ce faire, cela nécessite un entrainement au long cours, une habituation lente et progressive qui vise le développement de la capacité d’appropriation de la démarche réflexive.

En clair, un groupe d’analyse de pratique vise à former chacun et chacune à savoir penser, réfléchir et agir de manière adaptée et autonome dans ou à distance des situations problèmes. C’est sa seule et unique finalité.

Les clarifications indispensables

Ceci étant, la difficulté a atteindre cet objectif augmente à mesure que s’impose l’impact d’un certain nombre de facteurs extérieurs. Le premier et le plus prégnant d’entre eux est qu’en général les groupes d’analyses des pratiques se tiennent dans ce que l’on appelle une « équipe constituée », autrement dit, un groupe qui interagit au quotidien dans un espace de travail bien défini.

A ce stade, une erreur courante consiste à penser que l’analyse des pratiques se destine à régler les problèmes d’organisation, de communication ou les conflits à l’intérieur d’une équipe. En bref, qu’elle serait un dispositif d’intervention en situation de crise ou en d’autres mots : un temps de régulation.

Une autre erreur consiste à proposer des temps d’analyse des pratiques pour traiter les impacts psychotraumatiques des situations de travail ou encore pour explorer les racines inconsciences à l’origine des conflits psychiques de la personne qui propose une situation à l’examen.

En d’autres mots, il ne faut pas confondre l’analyse de la pratique avec la régulation (travail sur la dynamique de l’équipe, sur son organisation, les rôles et fonctions de chacun), le groupe de parole ( traitement de l’impact psychotraumatique des situations de travail ex : violences, agressions..) ou la supervision (recherche dans l’histoire personnelle des soubassements inconscients qui expliquent un positionnement dans sa vie privée ou dans le travail, ce qui est le but de la psychanalyse ou de la formation des psychanalystes)

C’est à ce stade de la présentation qu’il faut aussi évoquer un niveau de complexité supplémentaire en ce sens que chacun sait que la vie des équipes n’est pas un long fleuve tranquille et que régulièrement ces dernières peuvent être soumises à de vives tensions interpersonnelles ou confrontées à des situations impactantes sur le plan psychique.

Aussi, du point de vue de l’animation d’un groupe d’analyse de la pratique, l’animateur se doit à certains moments d’être autant facilitateur que régulateur d’équipe.  Le but de ce changement de position d’animation étant uniquement de rétablir la capacité du groupe à pouvoir se centrer sur sa finalité première c’est à dire le développement de la capacité réflexive de chacun.

Résumé des différences principales concernant les dispositifs

En résumé et si l’on décrit l’articulation et les principales différences entre les dispositifs nous aurions :

But : développement des capacités réflexives = Analyse des pratiques.

Moyens pour y parvenir en équipe constituée :

  • Si à un certain moment du déroulement ou si initialement l’équipe est en tension : régulation (mais cela ne doit pas prendre la totalité des séances annuelles. Au delà de deux séances de régulation sans résorption partielle ou totale des tensions intra-équipe, il convient de renvoyer à l’équipe et à l’encadrement qu’il est temps de repenser et de réinterroger le sens de la prise en charge c’est à dire le projet global d’accompagnement)
  • Si l’équipe est ponctuellement soumise à un événement psychotraumatique : groupe de parole. Ici également la mise en place d’un temps de parole doit être limité à une ou deux séquences maximum. Le rôle de l’animateur est certes de déchoquer le collectif mais aussi et surtout de détecter les personnes les plus impactées afin de les adresser à l’extérieur pour des soins le cas échéant.
  • Comme on l’a compris plus haut, la supervision n’est ici pas un moyen. Dans le contexte d’une équipe constituée en établissement, elle est totalement hors sujet pour ne pas dire maltraitante.

Précision supplémentaire

Nous n’avons pas évoqué ce cas où l’animateur se fait déborder par une équipe qui ne lui propose que des situations relevant de problématiques institutionnelles (problème avec la direction, l’encadrement de proximité, politique de l’établissement, réorganisation…). Tout étant dans la nuance, ce type de situations peut ponctuellement s’inviter à l’examen dans le décours d’un temps d’APP mais charge là aussi à l’animateur d’en juger de son importance aussi bien du point de vue quantitatif que qualitatif.

Si cette thématique envahit trop l’espace de travail, il ne s’agit pas pour l’animateur d’hurler avec les loups, mais de comprendre que cela signe l’existence d’une souffrance au travail. A lui donc d’ajourner le travail d’APP et de renvoyer la Direction à ses responsabilités en matière de traitement des risques psychosociaux.

Fabien SANCHEZ – Psychologue Clinicien, Psychosociologue
et Intervenant en Analyse des Pratiques Professionnelles.


Crédit photo: Photo de Redd Francisco sur Unsplash

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